Dimanche soir, à l’auberge Enokhok à Kugluktuk, nous avons dîné avec Red Pedersen, un commerçant de longue date, administrateur de zone et homme politique territorial qui a servi comme président de l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest dans les années 1980.
Pedersen était fier de nous informer que non seulement il faisait partie de la patrouille de Kugluktuk des Rangers canadiens, mais que son fils était également un Ranger, son petit-fils est un Ranger, et maintenant son arrière-petit-fils est aussi un Ranger. Quatre générations au service du Nord.
De ce point de vue et de ses 60 ans passés dans l’Arctique, Pedersen nous a offert un exposé des plus francs des défis auxquels font face Kugluktuk, anciennement Coppermine, et tout le Nunavut.
Les logements sont peu nombreux, la construction coûte deux fois plus que dans le reste du Canada. L’énergie est dispendieuse. La nourriture est dispendieuse. Le chômage est omniprésent, tout comme l’ennui qui l’accompagne. Trente à quarante jeunes entrent à la maternelle chaque année. Seulement six jeunes ont obtenu leur diplôme d’études secondaires ce printemps-ci.
Les réponses ne sont pas faciles. Pour ceux qui veulent exploiter le caribou, les phoques, les oiseaux ou les baies qui abondent dans la région, il peut coûter plus de 40 000 dollars pour équiper une motoneige, un VTT, et / ou un bateau et son moteur. Et, comme Pedersen l’a souligné, être né Inuit ne fait pas de vous un chasseur-né. Il faut avoir un maître et vous devez apprendre.
Il y a un autre changement dont Pedersen nous a parlé. Il a attiré notre attention sur le fait que la plage de Kugluktuk dispose d’un maître-nageur l’été. Qui aurait l’idée d’aller nager? Cette année, on a enregistré le plus grand nombre de jours avec une température de 30 degrés. L’épilobe a poussé à plus de trois pieds de haut. Le coton de l’Arctique, qui a poussé ici pour la première fois, a recouvert les rochers d’un blanc neigeux. Pour la première fois, des narvals, des mammifères de l’océan Atlantique, ont été repérés dans la baie. Le changement climatique est une réalité quotidienne ici, où mettre un pied dans les eaux de la baie du Couronnement signifie sortir au large du continent nord-américain.
Pedersen nous a demandé de prendre une perspective à grande échelle du Nord. Comment les individus du Nord peuvent-ils bénéficier de l’argent du Sud qui est dépensé ici? Pourquoi ne peut-il y avoir une succursale locale d’une université canadienne, dédié aux études arctiques? Pourquoi envoie-t-on toutes les fourrures sous forme de peaux au Sud où leur valeur en vente aux enchères n’est qu’une infime fraction de leur valeur marchande?
Tandis que nous écoutions Pedersen, Nadene McMenemy et Johnny Kootoo faisaient la cuisine et le service. Ils sont les gestionnaires, nouvellement arrivés d’Iqaluit, de l’auberge Enokhok de 12 pièces, qui a ouvert en mai. Kootoo est Inuit; McMenemy est une Terre-Neuvienne transplantée. Ils sont mariés depuis 20 ans, vivant toujours dans le nord. Elle fait la cuisine, il fait les chambres, et ensemble, ils assurent les navettes pour l’aéroport. Ils nous ont demandé un départ anticipé en raison de nouveaux invités qui arrivaient. Nous sommes heureux que pour eux les affaires soient bonnes.
Nous nous sommes réveillés sous un ciel nuageux mais sans pluie avec la vue magnifique du Louis, rouge et blanc, visible dans le port. C’est parti !