La plupart d’entre nous n’avaient jamais embarqué à bord d’un navire par hélicoptère avant. Pourtant, nous étions là, emmitouflés contre le vent, attendant notre court vol pour le pont du Louis.
Les visiteurs-chercheurs du Sud sur le départ, que nous étions sur le point de remplacer à bord, attendait sur la piste de Kugluktuk quand nous sommes arrivés. Leurs caisses d’échantillons, décorées avec des autocollants des universités de Trent et de Cap-Breton, étaient prêtes sur le tarmac pour le voyage de retour. Leurs propriétaires semblaient illuminés, si ce n’est peut-être un peu las, par l’expérience qui venait de s’achever.
Nous serons à leur place dans cinq journées pas si courtes quand le Louis atteindra Resolute. Le soleil se couche derrière l’horizon après 22h00 ici, au-dessus du cercle polaire, à cette période de l’année.
L’hélicoptère de bord du Louis nous a rejoint à la bande d’atterrissage et nous a transportés au-dessus de la baie du Couronnement vers le navire. Par groupes de quatre, nous nous sommes serrés dans l’appareil et avons promptement pressés nos nez, et nos appareils photos, au hublot.
La toundra s’est évanouie derrière nous tandis l’hélicoptère décollait au-dessus des vagues de l’Arctique, filant vers le navire.
Il est difficile d’exagérer la beauté du Nunavut. Ce sont les landes désolées; l’ensemble du territoire se trouve au-dessus de la ligne des arbres, où le paysage tranche brutalement l’horizon pour marquer la frontière entre la terre, la mer et le ciel. L’air semble plus riche, en tout cas il semble bien plus propre que dans les villes du sud que la plupart d’entre nous appelons la maison. Nul autre lieu au Canada n’est plus vivifiant, ni plus à couper le souffle.
En milieu d’après-midi lundi, nous avions une vue du Nunavut qui est réservée à seulement quelques Canadiens. Vue du Louis, le hameau de Kugluktuk semblait s’accrocher à la côte, avec l’ensemble du continent nord-américain dans son arrière-pays. De nos quartiers à bord, il suffit de regarder par le hublot pour voir les vagues bleu-vert profond de l’océan Arctique, un rappel constant de l’endroit où nous sommes, et de l’immense privilège que notre présence ici représente.
Le capitaine Marc Rothwell, les officiers et l’équipage du Louis ont été immanquablement accueillants, ils semblent déterminés à nous faire sentir à la maison dans un endroit étonnamment peu familier. Nous leur avons rendu la pareille en leur offrant un divertissement léger, quand nous avons lutté pour nous faufiler dans des combinaisons de survie couvrant tout le corps au cours de notre exposé sur la sécurité lundi soir. Tandis que les équipiers nous montraient comment sécuriser nos gilets de sauvetage et décrivaient les procédures d’évacuation du navire, il était impossible de ne pas apprécier le fort courant de risque qui empreint tous les aspects du travail de la Garde côtière dans cet environnement extrême du Canada. Si, à Dieu ne plaise, un autre navire se trouve en détresse, cette semaine, les hommes et les femmes du Louis sauront les trouver et les suivre à travers les dangers.
Ceux d’entre nous qui ont l’honneur de partager leur compagnie ne peuvent penser à leur travail qu’avec admiration.
Et ainsi, avec Kugluktuk dans notre sillage, le capitaine Rothwell a mis le cap sur Resolute. Notre aventure ne fait que commencer.