C’est notre seconde journée à bord du plus grand brise-glace de la Garde côtière et nous n’avons pas vu de glace.
À Kugluktuk, sur la côte arctique canadienne, il n’y avait ni traces de neiges sur la toundra, ni icebergs dans la baie. Les scientifiques que nous avons remplacés à bord du Louis nous ont dit à la bande d’atterrissage que le vaisseau avait récemment brisé de la glace lourde. Tandis que nous naviguons vers le Nord, nous attendons encore d’en voir.
Non pas que nous soyons déçus, nous avons seulement besoin de sortir sur les ponts extérieurs du Louis pour sentir le froid glacial de l’Arctique, et, depuis hier soir, nous apercevons des flocons de neige. Nous allons voir beaucoup de glace avant d’arriver à Resolute, nous dit-on, bien que nous n’aurons probablement pas à la casser. L’épaisse couche de glace de plusieurs années à travers laquelle le Louis a été conçu pour naviguer et dans laquelle le navire a passé la plus grande partie du mois d’août, avec des scientifiques à bord, est à de nombreux miles au nord et l’ouest de notre route actuelle.
Même ainsi, il n’y en a beaucoup moins qu’à une certaine époque. Le lundi soir, nous avons entendu Pierre Leblanc, un colonel à la retraite qui a été, pendant cinq ans, le commandant des forces du Canada dans l’Arctique. Sur l’écran du projecteur dans la salle de conférence du Louis, le colonel Leblanc nous a montré image après image de la glace arctique permanente reculant avec chaque année qui passe. Quand il se tourna vers sa dernière diapositive, avec une image de la glace polaire d’aujourd’hui, il y eut un soupir audible dans la salle : en termes de glace de mer, nous ne sommes qu’une ombre de ce que nous avons été.
Au milieu de ce dégel et de cette transformation se tiennent les femmes et les hommes de la Garde côtière du Canada. Leur travail est à des lieues de ce que la plupart des Sudistes peuvent imaginer, dans des eaux que la plupart d’entre nous ne présumerait jamais libres de glace régulièrement. Comme les Inuit qui chassent, pêchent et trappent parmi la banquise et les fjords, la présence constante de la Garde côtière est la preuve qui étaye la prétention du Canada que ces détroits sont des eaux intérieures en vertu du droit international.
À bord avec nous cette semaine sont des spécialistes de déversements d’hydrocarbures de la Garde côtière, un spécialiste de la glace, des experts en recherche et de sauvetage, des ingénieurs et des mécaniciens, tous prêts à répondre à n’importe quelle situation d’urgence imprévue, ici sur le bord le plus éloigné du Canada. Il faut reconnaître que le mérite revient à la Garde côtière si, lorsqu’un navire étranger est en détresse dans ces eaux, nos eaux, le Canada sera prêt à répondre.