Le discours du Trône de septembre 2020 marque une étape importante dans la réponse économique du Canada au niveau fédéral face à l’actuelle pandémie de la COVID-19, et dans les efforts des décideurs et décideuses politiques pour aider les Canadiens et Canadiennes à traverser la tempête causée par les fermetures et les ralentissements. L’objectif de bon nombre de ces politiques – et de leurs équivalents adoptés par les provinces – est d’aider les travailleurs et travailleuses et les entreprises à rester à flot et à payer les frais courants, tout en faisant de vagues promesses de « rebâtir en mieux » une fois le virus maîtrisé.
Plusieurs de ces politiques et programmes rapidement déployés ont apporté aide et soutien aux petites entreprises. Et c’est compréhensible, car près de 70 % des Canadiens et Canadiennes travaillent dans une petite entreprise, et au cours des quatre années précédentes, les petites entreprises ont généré la majorité de la croissance nette de l’emploi. Dans les régions rurales du Canada, le rôle économique et communautaire des petites entreprises est encore plus prononcé.
Mais alors que les Canadiens et Canadiennes attendent avec impatience cette période de relance économique et que les gouvernements annoncent une nouvelle normalité, peu de signaux ont été donnés quant à son contexte politique, et encore moins quant au rôle des petites entreprises et des entrepreneurs et entrepreneuses dans la stratégie post-COVID. Avec l’horizon maintenant en vue, comment les gouvernements peuvent-ils agir rapidement pour donner un coup de pouce aux petites entreprises et aux entrepreneurs et entrepreneuses qui mènent leurs activités dans des conditions et emplacements géographiques divers et qui font chacun et chacune face à des défis particuliers?
Dans le présent rapport, nous préconisons six options de politiques pour renforcer le soutien à l’entrepreneuriat et aux petites entreprises du Canada. Pour ce faire, ces options s’appuient sur les structures, les politiques et les priorités existantes et agissent à l’intérieur de celles-ci de façon à pouvoir atteindre simultanément de nombreux objectifs. En définissant ces options, nous nous sommes efforcé.e.s d’élaborer des politiques qui offrent un cadre adapté au milieu et sensible aux atouts, aux possibilités et aux priorités locales à travers le Canada, sans être normatif quant aux innombrables aspirations et possibilités qui parsèment la carte.
Tout en reconnaissant qu’il faudra une base culturelle et fiscale solide pour l’entrepreneuriat qui suivra le Canada dans sa période de relance, nos propositions soutiennent principalement trois dimensions d’un écosystème entrepreneurial sain – capital humain, accès au marché et soutien institutionnel. Nous abordons ces propositions par l’entremise de six politiques habilitantes, qui peuvent se résumer comme suit :
Recommandation 1 : Nous recommandons que les programmes de soutien à l’entrepreneuriat et aux petites entreprises soient conçus et déployés suivant une structure intergouvernementale ascendante pour mieux tenir compte des besoins économiques locaux. Pour ce faire, nous proposons la création de nouvelles entités de développement économique régionalisées, qui soient financées par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour mettre en œuvre des programmes de soutien au développement économique, aux petites entreprises et à l’entrepreneuriat fondés sur des plans stratégiques localisés.
Recommandation 2 : Nous recommandons que les objectifs du Canada en matière de développement des compétences et d’apprentissage continu pour les petites entreprises et les entrepreneurs et entrepreneuses soient fixés en intégrant la microaccréditation comme condition ou exigence pour bénéficier de toute subvention et de tout financement public.
Recommandation 3 : Nous préconisons l’extension des programmes d’immigration existants pour créer un volet spécialisé dédié au repreneuriat – et pour mettre en relation les propriétaires d’entreprises dans les collectivités rurales éloignées et le talent récemment arrivé.
Recommandation 4 : Nous recommandons que les emprunteurs et emprunteuses de prêts étudiants gouvernementaux soient autorisé.e.s à reporter leurs remboursements et à geler les intérêts pour une période de cinq ans pour permettre aux jeunes marginalisé.e.s de s’engager dans l’entrepreneuriat.
Recommandation 5 : Nous proposons la création d’un nouveau volet dans le cadre de la Stratégie emploi et compétences jeunesse du gouvernement fédéral pour offrir aux jeunes des stages dans de petites entreprises ex-urbaines afin de faciliter le mentorat inversé et le développement des compétences.
Recommandation 6 : Nous appelons les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à élaborer des politiques qui amènent les acheteurs publics locaux à développer des politiques d’approvisionnement axées sur l’entrepreneuriat et les petites entreprises. Nous proposons, comme point de départ, que l’exigence de tels objectifs d’approvisionnement social soit imposée aux municipalités comme condition pour bénéficier d’un financement dans le cadre du Fonds de la taxe sur l’essence fédéral.
Certes, la dynamique régionale canadienne ne sera jamais complètement immunisée contre les inégalités économiques, mais nous pensons que ces propositions offrent un moyen pratique, adapté au milieu et efficace de faire de la relance post-COVID un catalyseur d’un écosystème entrepreneurial plus fort et adapté au milieu.