Les Fellows d’Action Canada posent devant la moissonneuse-batteuse à la ferme Monchuk pour démontrer la grandeur de ces machines.
Par Fellow d’Action Canada 2018/19 Sally Guy :
Puisque notre groupe a pour mandat de formuler des recommandations de politiques sur l’avenir de l’alimentation, cette question, je l’ai entendue maintes fois murmurée au cours de la récente visite d’Action Canada à Saskatoon. En effet, au cours de la semaine que nous avons passée à Saskatoon, Lanigan, Laird et d’autres endroits sur notre parcours, beaucoup de tensions différentes ont été mises au jour. Ces tensions avaient trait aux avancées technologiques et à l’environnement, mais aussi à des différences idéologiques fondamentales quant à des aspects importants de nos vies : les différentes façons dont nous produisons, mangeons, achetons – et vivons. Cela dit, je n’étais pas découragée à la fin de l’expérience. Bien au contraire, j’étais remplie d’énergie, d’espoir et de curiosité.
« Qu’avez-vous appris? »
C’est la question qui m’a été le plus souvent posée depuis mon retour de la Saskatchewan. Même si j’ai appris énormément sur l’agriculture, le commerce, l’environnement et une foule d’autres choses, l’impression qu’il me reste est plus philosophique que pratique : l’alimentation est un sujet controversé parce qu’elle est si importante pour nous et qu’elle touche chaque aspect de notre vie et notre planète. Les tensions existantes montrent d’ailleurs que le sujet est crucial pour les gens. Toutes les personnes que nous avons rencontrées se préoccupaient visiblement, et de manière palpable, de leur communauté, de leur terre et des répercussions de leurs pratiques.
« Que retenez-vous principalement? »
Voilà une autre question que j’entends souvent. Après mon séjour en Saskatchewan, je retiens que les gens sont incroyablement généreux. De leur temps, de leur patience et de leurs connaissances.
Cette visite a vraiment été des plus fastes grâce à l’excellente nourriture (un salut particulier à chef Jenni et à SaskMade Marketplace – tout simplement extraordinaires), aux champs mordorés à perte de vue et à une compagnie inspirante.
Les Fellows et membres de l’équipe prennent un égoportrait avec les boeufs de la Pound-Maker Feedlot.
Un grand merci aux personnes suivantes :
Le professeur Richard Gray, qui nous a donné en début de visite un aperçu de l’agriculture en Saskatchewan et présenté des concepts clés comme la technique du semis direct. Il s’est assuré de nous donner une bonne base pour le reste de la visite.
Wilf Keller, directeur général d’Ag-West Bio Inc., qui nous a expliqué ce qu’est la supergrappe des industries des protéines au Canada et a patiemment répondu à des questions comme : « Quelle est la différence entre une supergrappe et une grappe standard? ». (Fondamentalement, c’est plus gros.)
Alanna Koch, qui nous a parlé du paysage politique en Saskatchewan et a partagé ses réflexions courageuses sur le fait d’être une femme en politique, ce qui nous a amenés à parler du travail qu’il reste à faire concernant l’égalité des sexes.
John Pomeroy et Jay Famiglietti de l’Université de la Saskatchewan, qui nous ont donné les plus comiques prédictions de fin du monde, nous laissant amusés par leur humour noir, mais conscients de la tâche ardue qui est la nôtre quant aux changements climatiques. Ce n’est pas facile de faire peur tout en inspirant.
Rob Norris, de l’Université de la Saskatchewan, qui a pris le temps de nous faire faire une visite guidée impromptue d’un synchrotron, le Centre canadien de rayonnement synchrotron, lequel sert à des milliers d’applications et d’innovations scientifiques.
Clinton Monchuk de Farm and Food Care Saskatchewan et son père, Fred, qui nous ont fait visiter leur ferme familiale pendant la fête d’anniversaire de la mère de Clinton (qui nous a offert des plats remplis de gâteau au lieu de demander quand la visite serait terminée) et ont répondu à nos innombrables questions, allant de la spiritualité et de la religion dans les communautés agricoles à l’innocuité du Roundup. Ils nous ont même laissé monter sur leur moissonneuse-batteuse.
Ryder Lee, directeur général de la Saskatchewan Cattlemen Association, et Ellen Grueter de SaskCanola, qui ont passé une journée entière avec nous, offrant leurs réflexions non seulement sur les valeurs des communautés agricoles, mais aussi sur des questions pratiques comme : « Les vaches sont-elles toutes aussi dodues? ».
Les gens à Pound Maker Feed Lot et Ethanol Plant qui ont répondu à environ 10 variations de la question « Alors, en quoi est-ce similaire à de l’alcool de contrebande? ».
Chris Randall, directeur du Saskatoon Housing Initiatives Partnership, qui nous a guidés à pied à travers la partie ouest de Saskatoon et nous a offert ses réflexions sur la pauvreté, l’embourgeoisement, la réconciliation et l’importance primordiale non seulement du logement, mais aussi de la communauté et du sentiment d’appartenance. Il nous a aussi présentés à son ami Keith Sanderson, un gardien du savoir qui nous a parlé de son histoire d’espoir et de défense des droits.
Don Buckingham, président-directeur général de l’Institut canadien des politiques agroalimentaires, qui nous a accompagnés lors de nombreuses visites pour nous offrir ses réflexions sur les coulisses de l’industrie, ses connaissances lui permettant souvent d’agir comme un second guide.
Priscilla Settee, de l’Université de la Saskatchewan, qui nous a fourni un très riche aperçu des effets du colonialisme actuel sur les manières de vivre traditionnelles et sur la sécurité alimentaire à l’ère moderne, nous rappelant que l’expérience de vie est une importante forme de connaissance.
Glenna Cayen, qui a parlé des innovations vraiment très intéressantes de la Muskeg Lake Cree Nation et de leur collaboration avec des gens ayant une expertise en permaculture pour établir de nouvelles ressources et de nouveaux lieux dans leur communauté, par exemple une forêt vivrière.
Rachel Engler-Stringer, que j’estime être une travailleuse sociale honorifique en raison du sujet principal de son travail, a fourni des exemples concrets des liens incroyablement étroits qui existent entre les déterminants sociaux de la santé en se basant sur ses recherches sur la sécurité alimentaire et la santé.
Cam Broten, ex-chef du NPD de la Saskatchewan et actuel dirigeant de Saskatchewan Egg Producers, qui a passé une heure avec nous, bavardant et répondant à toutes nos questions sur les coulisses de la politique et ce qu’il faut pour réussir comme chef.
Shawn Harman, un producteur d’œufs de troisième génération, qui nous a fait faire la visite de l’installation de tri des œufs Star Egg (et qui a été extrêmement patient alors que nous partagions chaque station sur Instagram – le processus de lavage des œufs est très hypnotique et étrangement satisfaisant à regarder, quelque peu jouissif même!).
Diane Adams, André Bear et Max Fineday, trois orateurs des plus captivants et agréables qui ont généreusement offert leur temps et leur énergie pour, encore une fois, éduquer des colons sur la diversité des histoires et des expériences autochtones, et sur comment le fait de reconnaître la complicité et d’accepter cet inconfort doit nous rendre humbles et nous permettre d’amorcer un changement.
John Cote et Barb Stefanyshyn-Cote de Black Fox Farm and Distillery, qui nous ont fait visiter leur ferme, expliquant non seulement les moindres détails de la production de gin et de whisky, mais parlant également de l’importance d’être un noyau dans la communauté et, peut-être de manière imprévue, du courage et des risques que l’on prend pour se bâtir une vie enrichissante comme on la désire.
George Kingfisher de la Young Chippewayan First Nation et Ray Funk, Wilmer et Barb Froese de la Mennonite Community de Laird, en Saskatchewan, qui ont passé un après-midi incroyablement riche en émotions avec nous, parlant de vivre selon nos valeurs, nous offrant un visionnement de Reserve 107, un film très évocateur (à voir absolument), et un exemple concret de réconciliation dans l’action.
Alanna Orsak, une chercheuse qui étudie les modifications génétiques des pois chiches, qui a passé une bonne partie de la semaine avec nous et a répondu à un nombre incalculable de questions sur les OGM et d’autres sujets complexes avec grâce et patience.
Peter Philips, professeur à la Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy, qui nous a fait autant rire que réfléchir et a partagé certaines des remarques les plus pratiques du voyage sur le rôle que pourrait jouer le gouvernement fédéral pour l’avenir des politiques agroalimentaires (mégadonnées et interopérabilité!).
Paul Ledoux de la Muskeg Lake Cree Nation qui nous a parlé de l’incroyable innovation qu’a constituée la réserve urbaine. Celle de Muskeg Lake a été la première du genre, et nous avons appris énormément sur le processus de développement politique.
Brian Topp, qui a été l’un des mentors du programme Action Canada, a passé un après-midi entier à nous parler de la prise de parole en public, nous apprenant à gérer nos tics (nous en avons tous) et nous proposant des conseils pratiques pour nous améliorer, le tout avec une solide dose d’humour qui nous a laissés ravis d’être formés par l’un des meilleurs en politique.
Suzanne Nault, dont les conseils d’experte au cours du processus d’accompagnement des pairs nous ont fait voir les choses différemment, ce qui a forgé des liens plus forts au sein de notre groupe, et dont la gentillesse et la patience favorisent un environnement si chaleureux autour d’elle.
Je m’en voudrais de ne pas parler de nos autres mentors, Elaine Feldman et Guillaume Lavoie. Leur dévouement envers le programme et leur expérience sont remarquables.
L’équipe du Forum des politiques publiques, Anna Jahn, Jonathan Perron-Clow et Katherine Chirke – et Dion Martens, qui a pris le temps de passer pour nous aider à nous orienter – ainsi que d’autres personnes dans les coulisses qui ont organisé cette incroyable visite. Je n’en reviens pas des personnes et des expériences auxquelles nous avons eu accès. Nous sommes vraiment entre de très bonnes mains.
Enfin, je veux remercier les autres Fellows. Je suis honorée de passer du temps avec eux, mais je garde cela pour un autre billet.
Et si vous avez lu ce billet jusqu’à la fin et que vous vous demandez si vous devriez postuler au programme Action Canada de l’an prochain, je réponds : n’hésitez pas!
Le Fellow Petros Kusmu pose une question difficile, sûrement liée aux propriétés semblables à l’alcool de contrebande de l’éthanol.